Les dessous de Béatrice Kahn (15,50 €)

Août 1963, café Le Central. Du haut de ses quatorze ans, Élisabeth n’est plus tout à fait une enfant, mais pas encore une femme. Sous la table où elle se réfugie après l’enterrement de son amie Thérèse, dans une France provinciale faite de conventions et de non-dits et où la guerre n’est pas si loin, elle écoute les adultes discuter entre eux. Elle écoute et se souvient. Des moments passés avec Thérèse, de sa relation avec sa mère, de ce qu’elle n’a pas su voir ou de ce qu’elle croit comprendre. Dans son esprit se croisent pensées et bribes des conversations du café, entrecoupées de sa lecture du journal intime d’Henriette, toute jeune fille à l’été 1939. Voix et temps s’entrelacent alors et tissent ensemble le récit d’une transmission. Béatrice Kahn signe un roman dense et familial où elle aborde avec justesse le passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte, avec tous les questionnements qui y sont liés, et cette préoccupation majeure : comment se construire en gardant son intégrité, c’est-à-dire, aussi, comment faire avec ce qui nous précède, ce qui nous a été transmis souterrainement ?
Objets massifs de Virginia Woolf, mis en images par Anne Attali et Marie Van Roey et traduit de l’anglais par Pierre Nordon. Postface de Geneviève Brisac (22€)

Deux jeunes hommes, à l’orée de leur carrière, se tiennent sur la plage, visiblement en désaccord et en grand débat politique. L’un d’eux met la main sur un trésor : un morceau de verre poli, dense, lisse, doux, qui l’intrigue. Cet objet sera le point de départ de sa nouvelle quête. La matière devient sujet, objet de convoitise, elle se fait verbe et cristallise une rêverie, un poème du quotidien. Cette rêverie autour d’objets perçus comme des masses et des matières plutôt que des rebus sert d’axe autour duquel gravite le monde. Une collection qui semble perdre John dans son obsession, mais qui, finalement, au lieu du l’exclure du monde lui donne une autre place que celle convenue par la société. Cette nouvelle écrite en 1920 par Virginia Woolf trouve un nouveau souffle grâce aux deux artistes plasticiennes qui par leurs photographies, collages et montages offrent une nouvelle lecture de ce texte d’une étonnante actualité.