Focus sur les éditions Rue de l’échiquier

Passage piéton de Laurence Bril (12€)

En 2017, alors qu’elle est une journaliste hyperconnectée, Laurence Bril se sent de plus en plus débordée par sa vie numérique, à un point tel qu’elle décide d’appuyer sur stop et de prendre ses distances, au sens propre : pendant plus d’un an, elle va lâcher Internet et les réseaux sociaux… pour aller marcher. Au fil des chapitres, l’auteure témoigne des étapes de son cheminement personnel : comment elle a pris conscience de sa dépendance au « tout techno » et aux réseaux sociaux ; comment la marche s’est imposée comme une évidence, et comment la déconnexion du numérique s’est accompagnée d’une reconnexion avec la nature et avec elle-même. Dans la lignée de récits comme Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson ou Wild de Cheryl Strayed, Passage piéton est une magnifique ode à la marche, considérée comme un moyen de ralentir, de (re)découvrir la nature et de renouer avec l’essentiel, dans un monde qui va toujours plus vite. Avec un style fluide, Laurence Brill décrit l’évolution de sa pratique : pas sportive du tout, elle le devient un peu plus au fil des kilomètres, et se lance de nouveaux défis. Après le plaisir simple des petites balades, elle découvre la satisfaction profonde d’achever une randonnée de 35 kilomètres, puis l’intensité émotionnelle des trails en montagne et des courses. Une lecture vivifiante, qui donne envie de lâcher son smartphone, de chausser ses baskets et de partir s’aérer.

Moi, Mikko et Annikki de Titu Takalo traduit du finnois par Kirsi Kinnunen (21,90€)

D’inspiration autobiographique, cette très attachante bande dessinée est le récit de l’installation d’un jeune couple dans le quartier d’Annikki, l’un des très rares îlots historiques encore préservés de la ville de Tampere, en Finlande. Tiitu Takalo relate le combat acharné que mènent ensemble les habitants de ces maisons de bois face à la voracité sans limites des promoteurs immobiliers, souvent de mèche avec les édiles locaux. Cette chronique sensible est rythmée par le récit des moments forts de l’histoire de Tampere, depuis sa fondation à la fin XVIIIe siècle, et notamment son riche passé industriel et ouvrier. Ce choix narratif permet d’élargir le cadre du récit, de montrer que la richesse d’un quartier ou d’une ville réside dans son patrimoine, et que sa préservation est la clé de nos identités collectives comme de nos avenirs possibles. Tour à tour intimiste, historique et social, Moi, Mikko et Annikki est le journal d’une communauté en résistance, en prise directe avec les problématiques environnementales contemporaines : rénover plutôt qu’effacer, entretenir plutôt que détruire – ce qui lui donne tout naturellement sa place au sein de Rue de l’échiquier BD. Elle aborde des questions universelles : qu’est-ce qu’une ville, au fond ? Comment préserver son âme ? Comment résister à la pression immobilière et aux manipulations politiques dont elle s’accompagne ?

Biomimétisme & architecture de Michael Pawlyn, traduit de l’anglais par Elizabeth Lefer et Bruno Lhoste (26€)

Plus de 3,5 milliards d’années d’histoire du vivant ont donné d’innombrables exemples de formes, de systèmes et de processus qui peuvent être appliqués au design écologique moderne. Dans Biomimétisme et architecture, véritable recueil d’innovations durables, Michael Pawlyn propose aux architectes, aux urbanistes et aux designers de s’inspirer de la nature pour accroître radicalement l’effi cacité des ressources utilisées. Doté d’une très riche iconographie, cet ouvrage passe en revue les grandes problématiques architecturales et la façon dont le biomimétisme peut aider à les aborder : la solidité des structures, les matériaux de construction, les déchets, la gestion de l’eau, le confort thermique, l’utilisation de la lumière et la consommation énergétique.