Focus sur les éditions ypsilon

Toi, sanglante enfance de Michele Mari, traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro (17€)

Les onze récits de ce recueil se suivent tels des ricochets à la surface d’une eau profonde comme la mémoire. Entre autobiographie et fiction, les chocs de l’enfance ressurgissent sous une plume à vif et bouleversent le lecteur pris au jeu d’une féroce mélancolie.
Et si quelque part dans le temps était gardé tout ce que nous avons aimé quand nous étions enfants ? Le passé raconté ici est celui mythique et irrécupérable de l’enfance, érodé au cours des années par une diaspora d’objets et de sentiments dont le souvenir continue de saigner. Pourtant, dans ces récits, il n’y a pas le regret d’un âge d’or perdu, car la violence visionnaire de l’auteur recrée un univers où les seules images amies sont celles des monstres personnels et de quelques jouets, simples mais « fatidiques ».

Le cheval de Vladimir Maïakovski, traduit du russe par Jean-Baptiste Para (13€)

« Ma plus récente passion est la littérature pour la jeunesse » déclarait Maïakovski en 1927.
« À mesure que je grandis / un cavalier s’éveille en moi » Un enfant demande à son père un cheval. Il n’y en a plus dans les rayons du magasin : il faut donc en fabriquer un ! Commence ainsi l’histoire de cette « monture de feu », construite collectivement par les artisans — menuisier, brossier, peintre, forgeron — auxquels l’enfant et le père rendent visite. 

Le cheval de feu, superbement illustré et mis en page par Lidia Popova, fut publié à Moscou en 1928.

Moi, le Suprême d’Augusto Roa Bastos, traduit de l’espagnol par Antoine Berman (25€)

Né sous le signe du Capricorne, il aimait braquer le télescope sur les cieux équinoxiaux. Seul à sa naissance et à sa mort, le même cri à la bouche : L’indépendance ou la mort ! C’est l’histoire de José Gaspar de Francia dite, dictée et écrite par lui-même sous la plume d’Augusto Roa Bastos. Plume reçue de Raymond Roussel, trempée dans l’encre sanglante de la Révolution française, inspirée par les Lumières mais aussi par Montaigne, Pascal et Rousseau. Écrire sur le pouvoir, c’est écrire sur les pouvoirs de l’écriture, l’auteur doit reconnaître sa responsabilité comme faire connaître celle du dictateur. La dissection de ces mécanismes est un défi, ici vécu absolument et intimement, via un monologue à plusieurs voix du double personnage de ce roman fleuve en crue qui transporte le lecteur au coeur de l’Amérique latine et de notre conscience politique et humaine.